Louise Michel, histoire d’une femme engagée

(actualisé le ) par Marys Gastou

"La tâche des instituteurs, ces obscurs soldats de la civilisation, est de donner au peuple les moyens intellectuels de se révolter."

Louise Michel est née le 29 mai 1830 à Vroncourt-la-Cote (Haute-Marne) et est morte le 9 janvier 1905 à Marseille. Militante anarchiste, elle reste l’une des figures majeures de l’engagement politique. Elle a largement contribué à populariser le mouvement anarchiste, notamment lors de la Commune de Paris (1871).

-* Biographie
Issue des amours d’un châtelain et de sa servante, Louise grandit chez ses grands-parents où elle reçoit une bonne instruction et une éducation libérale. Elle poursuit ensuite ses études à Chaumont et obtient le brevet de capacité lui permettant de devenir institutrice. Elle refuse cependant de prêter serment à l’Empire et crée une école libre. Son enseignement orienté vers les principes républicains lui valent quelques réprimandes de la part des autorités.

Elle s’installe ensuite à Paris où elle rencontre Jules Vallès, Eugène Varlin, Raoul Rigault, Emile Eudes et Théophile Ferré, dont elle tombe amoureuse. Elle collabore activement à des journaux d’opposition où elle rédige quelques virulents pamphlets contre l’Empire.
En 1870, elle est élue présidente du comité de vigilance des citoyennes du XVIIIème arrondissement de Paris. Elle innove en créant une cantine pour ses élèves avec l’aide de Georges Clémenceau, maire de Montmartre.

Le 18 mars 1871 éclate la Commune de Paris. Louise participe activement aux émeutes, notamment place de l’Hôtel de Ville. Elle fait partie de l’aile la plus révolutionnaire et radicale du mouvement. Elle occupe tour à tour les fonctions de propagandiste, garde national, ambulancière,… Elle anime également le Club de la révolution dans l’église Saint-Bernard. Toujours très intéressée par les questions d’éducation elle est en avance sur son temps dans ce domaine en préconisant les écoles professionnelles, les orphelinats laïcs ainsi qu’un enseignement vivant et populaire.

En mai 1871, elle participe aux combats sur la barricade de Clignancourt, puis se rend pour faire libérer sa mère. Elle assiste aux exécutions et voit mourir ses amis, dont Théophile Ferré à qui elle écrit un poème d’adieu émouvant.

Si j’allais au noir cimetière,
Frère, jetez sur votre sœur,
Comme une espérance dernière,
De rouges œillets tout en fleurs.

Dans les derniers temps de l’Empire,
Lorsque le peuple s’éveillait,
Rouge œillet, ce fut ton sourire
Qui nous dit que tout renaissait.

Aujourd’hui, va fleurir dans l’ombre
Des noires et tristes prisons.
Va fleurir près du captif sombre,
Et dis-lui bien que nous l’aimons.

Dis-lui que par le temps rapide
Tout appartient à l’avenir
Que le vainqueur au front livide
Plus que le vaincu peut mourir

Lors de son passage devant le tribunal elle demande à être jugée comme un homme, et risque donc la peine de mort. Elle est finalement condamnée à vingt mois de détention et est déportée en Nouvelle-Calédonie. Durant ses sept années sur l’île elle cherche à instruire les Kanaks et prend leur défense lors de leur révolte de 1878. Elle s’installe ensuite à Nouméa où elle reprend son métier d’enseignante.

De retour en France en 1880, elle est chaleureusement accueillie par la foule à Paris. Elle reprend rapidement son activité de militante. Elle se prononce notamment en faveur de l’adoption du drapeau noir comme symbole du mouvement anarchiste : "plus de drapeau rouge mouillé du sang de nos soldats. J’arborerai le drapeau noir, portant le deuil de nos morts et de nos illusions".

De 1890 à 1895 elle vit à Londres où elle s’occupe d’une école libertaire. De retour en France elle est plusieurs fois arrêtée et incarcérée pour "incitation à la révolte".

Elle meurt en 1905 à Marseille d’une pneumonie alors qu’elle participait encore, à l’âge de 75 ans, à une tournée de conférences.

-* Que reste-t-il de Louise Michel ?

Ses funérailles ont été suivies par une foule immense.De nombreuses personnalités prirent la parole pour lui rendre hommage. Jusqu’en 1916, une manifestation eut lieu chaque année sur sa tombe, située à Levallois-Perret.

Louise Michel devient au cours du XXème siècle une figure tutélaire de la gauche française aux côtés de Jean Jaurès ou de Léon Blum. A ce titre, il lui est souvent rendu hommage. Son combat est également considéré comme précurseur du féminisme en France.

Anticléricale convaincue, il est amusant de noter qu’un vocabulaire relevant du champs lexical de la sainteté est souvent accolé à son nom : "La Bonne Louise", "La Vierge rouge",...

Aujourd’hui plusieurs dizaines d’établissements scolaires portent le nom de Louise Michel, dont le Lycée Professionnel Louise Michel de Nanterre.